Partager la publication "Manifeste de #XXI, le point de vue d’un journaliste web (ou pas, d’ailleurs)."
Après avoir lu le point de vue des uns et des autres, je mêle mon grain de sable à cette tempête médiatique. Non pour attiser une polémique déjà vive ou pour proposer un modèle économique miracle, mais pour sortir du manichéisme qui s’est emparé du débat et revenir à l’essentiel : la vocation d’informer pour le web et sur le web.
Même si les auteurs du manifeste, intitulé "un autre journalisme est possible", s’en défendent, le résultat est là, ils opposent un journaliste qui arpenterait le monde, plume à la main, au nom d’un idéal romantique et chevaleresque à un journaliste assis devant son écran et travaillant à la grosse louche sous l’œil courroucé du directeur marketing lui dictant son texte.
Caricatural et simpliste dites-vous ? Et bien apparemment pas tant que ça, à l’image de ce post intitulé Un autre journalisme est possible sur le blog La Plume d'Aliocha: « Ils (les fondateurs de XXI) appellent leurs confrères à casser tous les codes, celui de la publicité, de l’instantanéité, de l’information « objet » ou « produit » vomie en continue par des journalistes rivés à leurs écrans, répétant tous les mêmes choses sous la contrainte d’un remplissage perpétuel de nouvelles insignifiantes. La solution: une presse sans publicité, de valeur, dédiée aux lecteurs (et non aux annonceurs) […] Dans le contexte difficile que nous traversons, une étincelle de foi peut suffire à tout changer »
Je trouve ces propos navrants. Et à en croire mes dernières lectures sur le sujet et les commentaires postés sur ce blog, ce n’est pas une opinion isolée. Que d’animosité, et au nom de quoi ? De beaux principes et de vraie-fausse solution. Que l’auteur de ce post vienne passer du temps aux côtés des journalistes, des chefs de service, des rédacteurs en chef et qu’il leur explique en face qu’ils contribuent à faire « vomir » du contenu à leurs rédacteurs «rivés à leurs écrans ».
Je suis un lecteur de XXI et je m’interroge
Malheureusement, ce raisonnement se revendique de la réflexion entamée dans le manifeste en résumant la ligne éditoriale d’un média et la qualité de ses journalistes à son support de publication.
Je suis un lecteur de XXI et je m’interroge aussi sur les pratiques journalistiques en ligne (Le journaliste web et l’allégorie de la caverne ). Je suis également le premier à vouloir me battre pour un idéal en pratiquant un journalisme exigent et ambitieux, mais je dois avouer que je trouve la démonstration un peu courte et surtout caricaturale. Le plus important, c'est la qualité du contenu, quel que soit le support, avec l'objectif constant de proposer le plus possible d'informations de première main. On ne saurait reprocher à la presse imprimée, dans son ensemble, la politique éditoriale de quelques titres, alors pourquoi le faire pour l'information en ligne?
Dans le contexte actuel, j’estime qu’il faut avoir la foi dans le métier si l’on veut se lancer dans le journalisme, ce chemin sinueux et non balisé. Il faut aussi du courage, de la persévérance et surtout ne pas avoir peur de l’inconnu, de l’échec et des erreurs. Il en faut sans doute en avoir autant, voir plus que pour publier des reportages au long cours réalisés par des journalistes passionnés et chevronnés. Et, je le répète, j’ai déboursé quelques fois les 15 euros pour lire XXI et ses reportages souvent passionnants.
L’innovation éditoriale à l’ère numérique est une grande aventure vers l’inconnu, c’est un défi passionnant. Il faut se battre, essayer, se tromper et recommencer. Je préfère ce sacerdoce à la contemplation nostalgique des grandes figures du début du XXe siècle. L’avoir en tête est sans nul doute nécessaire, mais l’essentiel est d’avancer et de chercher, comme ces pionniers à l’époque, de nouvelles manières de raconter le monde.
Je rapprocherais ainsi l’audace du modèle de XXI à la fougue et l’enthousiasme de tous ceux qui aujourd’hui, cherchent à produire une information de qualité et adaptée aux nouveaux outils et aux nouveaux modes de consommation de l’information en ligne.
Journaliste "sans étiquette"
Je travaille pour un site web (lecho.be), mais je me considère pourtant comme un journaliste «sans étiquette». Un journaliste qui cherche le meilleur moyen pour raconter une histoire, rester au plus proche du réel et respecter les piliers cités par Laurent Beccaria et Patrick de Saint Exupéry : le temps, le terrain, l’image et la cohérence.
Et c’est justement ce que le web autorise, si l’on décide de s’en servir comme tel. Texte, vidéo, son, infographie… chaque forme a son intérêt et répond à des situations précises.
Pourquoi dès lors, adopter une position dogmatique et comparer les sites web à des « robinets » déversant un flux homogène et fade d’informations ? Pourquoi s’arrêter aux seuls sites attirant le plus grand nombre de visiteurs ? Pourquoi se restreindre à une vision d’une info low cost ? Le web est vaste et divers.
Quant à la révolution, elle est déjà en marche et c’est sur le web que ça se passe. Certes, il y a du bon et du moins bon, du suivisme et du révolutionnaire, XXI et Buzzfeed, mais cette diversité est saine et salvatrice, car elle oblige à se positionner, à faire des choix.
L’information en ligne répond au cahier des charges du manifeste
- L’envie et la foi dans le journalisme de qualité ? Ces derniers mois, j’ai rencontré une dizaine de journalistes qui ont décidé de pratiquer leur métier en accord avec leur idéal. Certains ont eu l'audace de quitter un CDI dans un grand média pour se lancer dans une nouvelle aventure, pour concrétiser un projet basé sur l'information de proximité. D’autres réalisent des reportages multimédias, des webdocs très exigeants tant sur le fond que sur la forme. L’envie est là.
- « Donner vie et chair » en allant « où le lecteur ne peut pas aller » ? Le format webdocumentaire n’est-il pas un outil idéal pour restituer le réel dans sa complexité, pour «donner à voir et à savoir» ? « La presse doit explorer d’autres rythmes, réapprendre à surprendre », clame XXI. Quid des résultats du journalisme narratif numérique exposé par Gilles Donada. On y est.
- Explorer d’autres rythmes ? C’est ce que font les millions d’internautes qui se connectent chaque jour sur ces « grands » sites tant décriés (mais à succès) et qui vont peut-être, ensuite, consulter un blog d’expert ou surfer sur un site étranger pour confronter les points de vues. L’internaute se construit son univers informationnel, il fait son tri et se nourrit de la diversité de l’offre qui est nécessaire et souhaitable. (Voir à ce sujet l’article de Benoît Raphaël).
Le lecteur de XXI possède certainement un smartphone sur lequel il consulte des sites d'info, rigole devant une vidéo qui « fait le buzz » ou joue à Angry Birds quand il prend le métro ou patiente dans la salle d'attente de son médecin.
- De nouvelles sources de financement ? Le crowdfunding est un formidable outil. Il permet, en ce moment même, à ces étudiants en journalisme de réaliser le premier sujet ambitieux de leur carrière ? Ils ont présenté leur projet d’enquête ou de reportage et les internautes séduits ont contribué financièrement. Les voilà lancés dans une aventure collective aux côtés de journalistes qui pratique déjà leur métier avec passion.
- Pour un journalisme utile ? Un exemple, quoi.info, ce site qui fait le tri dans le « bruit informationnel » pour restituer l’essentiel et un aperçu des enjeux sur une question donnée. Simple et efficace, ce rôle de tri fait partie des nouveaux rôles du journalisme en ligne. Il est très utile. Voici d’ailleurs l’exemple au sujet du manifeste de XXI.
Travailler sur le web, un choix
Il y a trois ans, j’ai choisi de quitter la radio et sa logique de flux (aussi) m’imposant parfois jusqu’à quatre à cinq sujets par jour, du fait divers à l’économie en passant par le sport et la politique. Une expérience enrichissante et un accélérateur d’apprentissage, mais après quelques années, j'ai eu un goût de trop peu, d’inabouti. Absence de suivi des sujets, un rythme imposant régulièrement une superficialité du traitement, des piges variables, absence de perspective d’évolution m’ont poussé à quitter la radio dans un contexte pourtant difficile sur le marché du travail. C’est alors que j’ai choisi l’info en ligne. D’abord via une formation de 9 mois en développement web puis en intégrant L’Écho.
Pour monter à bord d’un journal, alors que la diffusion de la presse écrite ne cesse de baisser et que la tempête souffle sur les certitudes, il faut le vouloir, croire en son métier et son avenir.
Aujourd’hui, je suis heureux de participer à l’aventure, de relever le défi de l’innovation éditoriale et d’aider à la transition numérique en me mettant au service du savoir-faire et de l’expertise des journalistes de ce quotidien économique et financier.
Et messieurs Laurent Beccaria et Patrick de Saint Exupéry, je suis sûr que nous sommes des centaines de journalistes à poursuivre les mêmes objectifs que vous, mais nous, nous le faisons… sur le web. La seule chose qui nous sépare donc, c’est le support de publication.
A lire aussi : Interview de Jean-Marie Charon, sociologue des médias, qui revient à froid sur la polémique née du manifeste de XXI.
Et des liens vers d'autres articles afin de poursuivre la réflexion:
- Je n'ai pas signé pour ce journalisme web
- Laurent Beccaria et Patrick de Saint Exupéry invités de France Info.
- La réaction de Pierre Haski, Rue 89.
- Télérama et point de vue des responsables des principaux sites français.
- Eric Mettout et le cas XXI.
Bonsoir,Je tiens mon blog depuis 2008, convenez que si je n’aimais pas le web, cela relèverait du masochisme ! Mon propos ne vise absolument pas à dénigrer les confrères du web. Je vise la tyrannie des consultants de presse qui ne conçoivent l’information que comme un produit et les éditeurs qui suivent leurs douteuses recommandations. Je dis « douteuses » pas seulement d’un point de vue qualitatif mais aussi économique. Les résultats tardent à se faire sentir, sur le terrain financier, vous ne trouvez pas ? Et beaucoup de journalistes web se plaignent de ce qu’on leur demande de faire. Autant que les journalistes papier d’ailleurs. Maintenant, il est tout à fait évident que le web offre des perspectives de développement fabuleuses. Elles seront ce qu’on en fera. Ou plutôt ce que les contraintes économiques et les entreprises pour lesquelles nous travaillons nous permettront de faire. En ce sens, l’appel à la qualité du Manifeste de XXI s’applique au papier, au web et pourquoi pas à la radio et à la télévision. Ils parlent de ce qu’ils connaissent, le papier. Ils ne dénigrent pas le reste. Moi non plus. Ce qui est remarquable dans leur texte, c’est qu’il vienne justement d’éditeurs, alors qu’on oppose habituellement les rêves de grandeur des journalistes avec les dures réalités économiques que nous rappellent régulièrement nos employeurs. Le Manifeste propose une autre voie, elle mérite d’être explorée. A fortiori quand on voit qu’elle fonctionne alors que la presse papier est présentée comme mourante partout dans le monde.Il me semble que tous les journalistes sont d’accord sur le fait qu’ils ont envie de faire un travail utile et d’y prendre plaisir. N’inventons pas une guerre où il n’y en a pas. Il serait ô combien préférable d’unir nos forces. Pour nous, et surtout pour le public que nous prétendons informer.Aliocha
Bonjour,Nous sommes donc d’accord sur l’essentiel! Ce que ne laissait tout de même pas présager le texte de votre blog…Merci pour votre commentaire.
C’est la limite de la communication virtuelle et c’est pourquoi je préfère le « terrain », même si ce « terrain » se résume au téléphone. Dès quo’n voit ou qu’on parle aux gens on se comprend mieux. Maintenant, le virtuel a d’autres mérites et notamment de gommer toutes les interférences du discours liées au monde physique, en ce sens, il est formidable…Tout ce que j’essaie de faire sur mon blog quand je parle du web, c’est de penser autant les avantages que les inconvénients, pour tirer le meilleur et éloigner le pire. Et quand je parle de notre métier, tous supports confondus, mon objectif est uniquement en temps de crise de trouver des raisons d’espérer. Parce qu’on l’aime ce fichu métier, n’est-ce pas ?En tout cas, merci de votre retour, je suis heureuse d’avoir dissipé un malentendu !Aliocha========================================Message du : 15/01/2013 21:29De : « Posterous » <
Malentendu dissipé!
Je suis un grand fan de XXI devant l’éternel et je suis largement d’accord avec le propos de leur manifeste. Tu ne seras donc pas étonné de l’apprendre : je trouve ton billet bien dur.
POURQUOI SE SENTIR VISÉ ?
« On ne saurait reprocher à la presse imprimée, dans son ensemble, la politique éditoriale de quelques titres, alors pourquoi le faire pour l’information en ligne ? », écris-tu. Je ne vois pas le manifeste de XXI comme une attaque globale de l’info en ligne.
Le manifeste de XXI n’attaque pas Internet en tant que support. Le texte martèle un lieu commun que tu reprends à ton compte dans ton billet tout en faisant mine de le retourner contre XXI : « Le plus important, c’est la qualité du contenu. » Tous les journalistes sont d’accord. Seuls ceux dont le métier est de vendre du temps de cerveau humain disponible voient peut-être les choses différemment. XXI n’attaque pas le journalisme web, il s’en prend à la manière dont beaucoup de grands médias ont négocié le virage numérique ces vingt dernières années.
« L’information en ligne répond au cahier des charges du manifeste », écris-tu. Oui, Internet fournit tous les outils nécessaires pour répondre au cahier des charges de XXI, c’est l’évidence même, et – encore une fois – le manifeste de XXI ne le nie pas. Mais non, l’information en ligne ne répond généralement pas à ce cahier des charges. Oui, les sites d’info web sont bien souvent des « robinets » : des flux d’info ininterrompus où la hiérarchisation laisse généralement à désirer et où des articles riches se mêlent à des infos de flux –des communiqués de presse améliorés, des dépêches. Le site de L’Echo en est un bon exemple parmi une infinité d’autres : il fourmille de pépites, mais il faut aller les trouver (même si, par sa nature utilitaire, la presse financière a sans doute plus intérêt que les autres à exploiter la logique de l’information « brute »).
Bref, pourquoi laisser penser que XXI crache sur Internet ? « La seule chose qui nous sépare », écris-tu à l’adresse de Beccaria et de Saint Exupéry, « c’est le support de publication ». Le site web de XXI (www.revue21.fr) est pourtant garni de contenus multimédia…
LA GRANDE AVENTURE
« L’innovation éditoriale à l’ère du numérique est une grande aventure », écris-tu. Je suis bien d’accord. Mais est-ce que chaque journaliste doit la mener ? J’en suis moins sûr. De l’enquête au reportage, en passant par la quête du scoop, la hiérarchisation ou l’analyse, le journalisme est l’un des métiers aux facettes les plus différentes qui soit, et chaque journaliste se trouve sa niche.
Une nouvelle discipline est apparue ces dernières années : l’édition web. Chaque rédaction a un ou plusieurs spécialistes de cette science en constante évolution qu’est l’édition web – nombreuses sont celles qui ont créé des « labos » où toutes les audaces sont permises, et on ne peut que s’en réjouir. Tu es un de ces webistes. Avec passion, tu expérimentes, tu cherches et tu crées de nouveaux objets web. Dans une rédaction de quotidien (tant que ce mot existe, et je ne doute pas qu’il disparaîtra), les journalistes doivent être ouverts sur le monde, ça tombe sous le sens, et donc s’emparer des outils qui peuvent servir leur recherche d’info, leur capacité d’analyse, le développement de leur réseau d’informateurs, etc. Ils doivent aussi être prêts à publier eux-mêmes leurs articles en ligne, y ajouter des liens et des objets multimédias quand cela s’y prête. Ils doivent bien sûr travailler en bonne intelligence avec les experts web pour mettre les moyens, quand cela s’y prête, dans la production de contenus innovants (avec une équipe télé, un infographiste de talent, etc.). Faut-il vraiment demander à chaque journaliste de devenir l’expert web ?
PAS D’INFO SANS IDÉE
Mais revenons au manifeste. Ce qu’il y a de bien avec ce texte foisonnant, c’est qu’on peut en retenir un peu ce qu’on veut. Pour moi, il se résume en une phrase – qui n’est d’ailleurs pas des auteurs : « Pas d’info sans idée, pas d’idée sans info » (ou l’inverse, je sais plus). Le journalisme doit faire du sens. Et il faudrait être de mauvaise foi pour le nier : au cours des dix dernières années, la diffusion instantanée des objets de communication n’a pas toujours servi cette mission.
Le reportage est une manière de faire du sens que XXI maîtrise à merveille. L’info quotidienne doit aussi en faire – et elle en fait dans beaucoup de cas. L’info en temps réel a plus de mal à en faire, et c’est bien normal. Il ne s’agit pas de support : Internet offre des possibilités immenses et le papier reste crédible dans certains cas. Il s’agit de moyens. Offrir de l’info en temps réel sans queue ni tête pour attirer des lecteurs, c’est aller dans le sens des vendeurs de temps de cerveau disponible qui pensent que l’info sans queue ni tête suffit à faire de l’argent. Alors pourquoi mordre ceux qui, au fond, pensent comme toi ?
Merci pour ce commentaire très riche.
Je ne pense pas que chaque journaliste doive devenir un expert web et ce n’est pas le message que je transmets au sein de la rédaction de L’Echo. Les journalistes doivent bénéficier d’un accompagnement et d’une structure qui leur permettent de se concentrer sur leur matière, la recherche d’infos de première main et l’analyse. Cependant, je pense qu’ils se doivent également de connaître les principes de la diffusion de l’information en ligne, de la viralité et de la grammaire du web. Ne serait-ce que pour dépasser le cercle (de plus en plus restreint) de leur lectorat historique, pour dépasser le temps du kiosque, pour prendre conscience du fourmillement créatif sur le web et ainsi valoriser leur travail en profitant de la viralité. « Le plus important, c’est la qualité du contenu. Tous les journalistes sont d’accord », oui, mais en ont-ils les moyens? Je suis d’accord avec XXI, ce sont les patrons de presse qui détiennent les clés et la responsabilité de la politique éditoriale.
Je conteste le terme de « webiste ». Je suis journaliste, un journaliste pragmatique: quel est le meilleur moyen de raconter cette histoire? Pas de dogmatisme, par de prosélytisme, pas d’étiquette. Presse écrite, radio, vidéo… ce qui m’intéresse c’est le journalisme et l’info. Bien heureusement, chacun est libre de choisir la manière d’exercer son métier. Certains choisissent de continuer à faire comme si rien n’avait changé, qu’ils le fassent tant qu’ils le peuvent encore car il s’agit d’un luxe.
Pour revenir au manifeste, je pense qu’il pose les bonnes questions mais il est teinté d’une forme de condescendance en réduisant l’info sur le web à un « robinet ». Un robinet qui semble d’ailleurs convenir à des millions d’internautes qui consultent chaque jour les sites d’actu pour se « tenir au courant » ou pour « s’informer ». Ces sites semblent donc répondre à un besoin?!
XXI est parvenu à consolider cette grande tradition du reportage au long cours, pour mon plus grand plaisir, mais au-delà de cette niche, il y a une réalité mouvante, complexe, incertaine et quotidienne qui s’appelle le web…
J’ai utilisé « webiste » pour « éditeur web/spécialiste de ses évolutions » : si je ne me trompes tu es payé pour ça tandis que les autres journalistes sont payés pour suivre des matières spécifiques, trouver des infos, les analyser, etc. (cf LA GRANDE AVENTURE). Connaître les principes de la mise en ligne et de la viralité, encore une fois, c’est de l’ouverture de base au monde, on est bien d’accord et la question ne se pose plus à mon sens que pour une minorité de dinosaures.
Pour ce qui est du robinet, on ne comprend décidément pas le manifeste de la même façon (faudrait peut-être qu’on le relise, ca commence à faire longtemps). Quant à la « l’offre qui répond au besoin », je dirais que le bol de riz de Mao répondait à un besoin, mais que l’assiette de canard laqué aurait tout aussi bien répondu au même besoin…
Je reviens au terme « webiste »: je lis à l’instant ton interview de Laloux qui dit:
« Concrètement, nous avons séparé la rédaction en deux parties, avec d’un côté des journalistes multimédias qui ont une expertise sur une matière. Ils ne sont pas propriétaires d’un espace à remplir, ils suivent une actualité, peu importe le support. De l’autre, il y a des journalistes éditeurs qui ont une expertise sur la forme. Ils maîtrisent la grammaire, les codes de chaque support et très important, les cycles de l’info. »
Sur le papier, ça n’a pas l’air mal… Que penses tu de ce modèle ? Est-ce l’avenir de toute rédaction de quotidien?